JE SOMMES
Résidence d’écriture à la maison d’arrêt de Fleury Merogis Automne 2016Printemps 2017
Décembre 2021
En partenariat avec Animakt - centre culturel de Saulx les Chartreux (91) et le service culturel de la maison d’Arrêt de Fleury Merogis, L’Enracinée est intervenue trois années en résidence d’écriture et à la mise debout des textes écrit en détention - édition risographique - Portraits photo - Mise en scène et Création sonore ont été les interfaces des mots écrits à propos du groupe, de son fonctionnement, des rôles observés, des instincts qui surviennent dans le collectif humain que Je Sommes.
L'écriture est un geste -
écritures typogravure et édition :
Pauline Weidmann
Mise en scène : Benoit Briand
Photographie : Laure Ledoux
Gravure : Anatole Wiener
Création sonore Cécile Debove
Pauline Weidmann
Mise en scène : Benoit Briand
Photographie : Laure Ledoux
Gravure : Anatole Wiener
Création sonore Cécile Debove
Griffes – museau – cornes – poils – écailles – crocs – sabots – coquille – plumes – carapace – défenses – queue – arêtes.
Au premier étage de la tour centrale, Maison d’arrêt des Femmes, salle 3, une salle comme une part de cercle, avec, par les vitres intérieurs, l'escalier central architecturé dans l'air, détouré de fils ellipsoïdaux accompagnant la montée. Derrière cet espace circulaire, le bureau de la surveillante donne regard sur notre travail. Dans la salle, les fenêtres sont hautes et étroites, de longs rideaux oranges les recouvrent en partie, les verres sont troubles et semi-couvert des défections de pigeons. La soufflerie de la ventilation mécanique est juste au dehors et teinte l'ensemble des sons d'une note continue et sourde.
Des desseins sont accrochés aux murs, les souvenirs d'autres activités, nommées comme tels, la Joconde a une tête de squelette, les collages de papier noire et blanc recoiffent Bugs Bunny et les graffitis s'inventent sur des murs imprimés en A4. Nous venons à la rencontre d'un groupe de dix inscrites averties par la très large question du corps, comme espace de récit. Seulement cinq personnes sont présentes et deux ne parlent pas français.
De l'une à l'autre, écrire pour se retrouver, écrire pour s'adresser à l'une et à toutes les autres.
Chloé s’adresse à l’écrit pour relever Aissa.:
"Chère anonyme,
soit la bienvenue, je suis la vie, je suis ta vie. ça fait longtemps que nous n'avons pas parlée ensemble. Depuis le ventre de ta mère, mais je suis toujours là, je suis avec toi, en ce moment même. Tu me respire, tu me ressens, je fais battre ton cœur, j'éveille tes sentiments et tes émotions, je te donne la force d'avancer et te relève même lorsque tu tombes. Comme une mère veille sur ton enfant, moi je veille sur toi, laisse toi aller dans la folie, dans la joie, les bonheurs. Vis Anonyme, vis, tu me rendra fière. Je suis ta vie, je ne demande rien d'autre que ce que tu me vives et me célèbre. N'aies pas peur de tomber car c'est pour ça que je suis là, pour te relever. Tu es tombée une fois et voici que tu es tombée à nouveau, mais je te donne la force pour tenir cette épreuve que je t'impose, car je te veux plus forte, je t'ai transmis de la force une fois et je t'en transmet à nouveau pour que tu aille de l'avant, et lors de tes tristesses, je serais là pour te mettre du baume au cœur. Vis et sourie anonyme, vis-moi, célèbre moi et rends moi fière de toi.
Tendrement, ta vie. "