Personne ne sait où se mettre.





La rue mène d'abord à la rue.
Elle emmène d'un bout à l'autre de la rue, rien ne peut se grimper depuis
la rue.
Il se peut de traverser les bâtiments de la rue.
Les bâtiments regardent, ce qui va d'un bout à l'autre de la rue.
Il y a des difficultés propres, des surfaces lisses,
et le corps qui suit.




Nous habitons dans des murs
nous habitons dans des mesures
nous prions dans les édifices les plus hauts
nous mourons dans les plaines plates
nous vivons de longues années dans des maisons
nous attendons le jour où elles seront mieux,
nous nous accommodons de fortune
nous dormons à même le sol ou nous dormons sur des mémoires de forme
nous apprenons à dormir.
Nous aménageons les formes avec nos yeux qui choisissent, avec nos bras
qui fonctionnent, avec le geste de l'habitude.
nous vivons avec des habitudes qui aménagent les formes et nous nous
accommodons, des autres, de nos pays, des forces exercées des uns sur les
autres. Nous allons avec nos corps nous encurioser d'ailleurs avec toujours
de l'envie.
On accroche l'ailleurs en espoirs, en débordement par-dessus et pardessous
et ça marque les murs que nous habitons, nous sommes les encres
fortes qui remplissent les murs de leurs étrangers.
Nous débordons d'en-dedans sur les murs qui s’arrêtent.




Trouver une permanence dans ce qui arrive de nécessaire au geste, il s'agit de l'endroit
où s’arrête le reste des addictions et que le corps s'oublie.
C'est ce qui ne demande rien à personne d'autre qu'à soi, dans sa propre notion du
beau.
Désobéir à toute injonction qui pourrait figer ne serait-ce qu'un instant ce mouvementlà.
Laisser ce qui est nécessaire s'inviter dans le geste. Pour que la dispersion se repose et
devienne un ouvrage, une résistance.
Et puis
se rappeler à la cause
qui fait de nos regards,
un outil pour pouvoir
prendre un peu la parole
se monter au-dessus
de ce bas ou l'on meurt
du silence au travail
de la peur des mitrailles
redevables ou dociles
les yeux clos sur le beau.
et puis
prolo comme un dos
on se penche sur les mots
et puis
le dos porte
un effort à nouveau.


Si votre corps était une terre, une jachère, un terreau, une surface arable,
un dessein de sol, si votre peau se creusait de sillons fertiles, si vos mains
touchaient avec soin les mottes de terres qui écrasent les plants pour
dégager les tentatives, si votre peau réagissait aux astres pour fertiliser,
vous poseriez des tuteurs, vous abriteriez de surfaces transparentes, des
bâches en plastiques ou des verrières, vous arroseriez méthodiquement et
peut-être, les pousses sauvages vous surprendraient aux floraisons du
printemps.
Si vous et la terre
étaient confondus
ce ne serait plus.







Multiplier les résistances claires et dénudées
contourner les fronts et ne pas donner de nouvelles
fuir l'affront et caresser les herbes muettes
poussées de terres pleines d'air et d'eau
ne pas crier les désaccords et s'en aller
déplier la queue restée entre nos jambes et chanter sans la peur
sans redouter l'effort du contrôle.
Si nous emportons nos souplesses de chair au sein de leurs murs de
misère.
Nous gardons l'espoir.
Trouvons à nous lier avec ceux qui passent les barrières et que l'on
retrouve trop loin
abîmés de colère.
Mettons la lumière dans les zones d'ombre où se cachent les braves.
Pour aller avec eux clairs et nus, à la lueur de peurs
vivantes, chancelantes abandonnées.
Sans leurs mots de poussière
Sans plus de boue des cargos
Sans plus les bleus du travail.
Avec la mémoire des fous et tous nos chants.




Les chiens qui se précipitent et mettent leurs pattes partout précipités
portent avec leurs nerfs le besoin insatiable de l'homme. Celui de
s'approprier une vivance qui accompagne et qui comble. Un corps avide
qui remplit le temps de comprendre. Les chiens sont l'inutile variable
entre un homme et sa solitude, ils se précipitent dans nos colères, celles
avides de jeux et de caresses. Ils ont tout et jouent et nous restons debout.




Après être rentrée décidée à changer
je me suis assise étendue endormie
je me suis levée apaisée étirée
j'ai agi doucement enurbanée
dans la ville adoptée domestique
j'ai monté descendu enraillé
les moyens d'allée venue
enregistré mes données d'administrée
rendu l'élan trop perçu
tout effacé à plat rangé
de mes valises au placard destiné
la ville m'arrange
affaires à faire en listes
et puis lu endormie masturbée
je suis au sol de mon ressort
un peu tranquille en ville.




Derrière ce mur il y a du lierre qui court depuis tout en bas jusqu'ici, il y a
une vue, celle que je ne vois pas de là.
Le lierre est dedans suspendu, je le vois tout entier quand je passe dans la
rue de derrière, celle avec les pavés. C'est très calme et tout au milieu.
Quand je regarde d'ici, je peux voir que là où il pousse, il y a une surface
sauvage, un endroit sans maîtrise, entre là et la cour, beaucoup plus en
bas. Cet endroit est silencieux, quand je me penche bien je peux voir la
surface et regarder ce qui pousse dedans, il y a un chapeau de paille. Il a
beaucoup changé depuis que je suis là. Nous sommes peut-être trois à
pouvoir voir cet endroit mais personne n'y accède. C'est au milieu de la
ville et personne n'y accède. De chez moi je peux voir la multitude
d'espèces emmêlées les unes aux autres et le chapeau, avec le silence tout
au milieu.
Là je peux dire maison.
Et je comprends ce que cela comprend
dans le monde sur sa pente.






Monter dans la voiture
Descendre de la ville
Prendre la route
Quitter le monde
Regarder la route
Guetter les bars
Boire des cafés pour écrire pisser s'arrêter
Regarder la route
Chercher des coins de paix de rien de bois
Trouver des chemins pas pris
Raccourcir la route
Allonger la route
Écouter le son
Hésiter
Prétexter des visites
Visiter des prétextes
Décider après
Rouler sans savoir
Croisée des regards
Parler au silence
Regarder les images du paysage
Voir un après possible du paysage
Imaginer la possibilité d'une belle histoire
Fuir l'empêchement
Éviter l'enfermement
Repartir avant
Brûler l'essence
Écouter le hasard
Suivre un signe
Un canard
Immerger son corps dans l'eau
D'un océan
Chanter fort sur le moteur
Sécher la serviette sur le siège
Fenêtre ouverte
Manger des bout
Dire n'importe quoi puisque repartir
Détester dire n'importe quoi et repartir
Culpabiliser
Fuir ce sentiment
Guetter les routes tangentes
Faire les premières traces de pas
Quitter la route
Ouvrir le coffre pour dormir dehors
Admirer une herbe qui suspend sa fleur
Suivre un fleuve, traverser un fleuve, quitter un fleuve
Verser des paroles à celui qui curieux
Devient une rencontre
Verser des paroles à celui qui curieux
Était le prétexte à la route
Se tromper
Tourner à l'inverse
Mettre les slips sales sous l'accoudoir
Regarder
Jeter la route
Téléphoner au volant
Visiter les églises qui restent
Insister face aux regards insistant
Fuir les groupes
Fuir le poème
Ne pensais plus rien
Regarder l'eau
La route
L'eau.




Vous allez adorer adhérer
Lorsque garantie fixe une ribambelle
REF en identité
tenter du zéro
Il y a corolle d'offre
Pétales de dentition
dans les attentes des SAV
Adorer adhérer
Les offres en coffre
Fort des idées
pointer du suffixe vous êtes appelé
Le numéro de l'étiquette et ton tour de parler
Adorer adhérer
Doré d'étiquette pointillées
La file d'attente tangue
D'un pied sur l'autre
Las tout autant d'un pied que de l'autre
La correspondance ne correspond pas
c'est ailleurs qui officie la garantie
Mille pas de trop d'un numéro à l'autre
Le répondeur invite à la bienveillance
Le numéro ne s'affiche pas

Je fais pleins de trucs en conduisant
Des tartines
Des poèmes
Des emails
Le ménage
Du par cœur
L'itinéraire
Le rouge à lèvres
Écrire cela




Haricots camouflés par leurs pieds
Maïs emmêlées des liserons rampant
Mur mur perchées
Œufs chauds dérobés aux plumes humides
peau rèche des pies du lait chaud
Pierre calcaire friable poussière par terre
Terre argile rouge et meuble
Champs débordant des eaux de l'étang
haies fertiles
Aubépine ortie
Ricin assassin
Bourrache à pleurer
Orchestre nocturne
Chaleur de terre
Rongeur nageur sous la glace en hiver
Nous courons dans les bottes
Caramel est la plus belle
Il ne reste qu'une chèvre
Courir est le plus beau des Jeux
Courir est le plus beau des Jeux
Rire
Chasser les rats les coqs et les chats
Goûter les gendarmes les fourmis et le bois
Sculpter les arbres morts
Odeur de rosée fumier ravivé
Le matin et bleu
La Source vient d'ici en bâti d'honneur
Le lavoir se meurt
Granit Dos d'âme une assise pour voir
Les Frênes ont grandi
Les larmes qu'il faut
Pour chauffer l'hiver
Le châtaignier père
Déploie ses gros bras au-dessus des jeux
Il balance Et porte le poids
Le févier plus haut est le plus alloi
Pour voir sur le toit
Il existe un passage d'une branche
Un pied un nœud un levier et l'élan osé
Pour y grimper
Le barrage d'à côté pour se baigner
Biner labourer semer
L'attraction foraine c'est grimper à la fourche du tracteur rouillé au dessus des haies
Les prés de vivance immense
L'intense course
Le silence des champs
sot à sot
Oublier la maison
L'herbe est une mère quand on s'y couche elle chante
Un enfant se penche et il croit
Les arbres creux sont les châteaux élaborer de nos royaumes
De l'un à l'autre des bords du chemin.

Les gens sont là
Il est 11h et ils rentrent dans leurs vies
À la matinée d'un bistrot dans le centre Bretagne
Ils se dépannent des croquettes
Ils ont tout leur peine avec eux
Mais ce matin ça va
Ça pue le chien, l'évitement qui aboie
Ça pue la clope, l'évitement qui soudoie
On a des nouvelles de la nuit pour nourrir l'histoire
La nuit où il ne se passe rien.





doigts d'honneur aux radars