Noces -

2026

Création pour une vocaliste danseuse, un chœur et des lieux.


Parce que j’ai eu le désir d’apparaître et de dire au lieu de creuser les solidarités, les radicalités collectives et l’intime. Pour vivre dans cet espace de représentation, de transformation et d’aliénation qu’est la scène, je joue le temps que prend la révolte en connaissant la rapidité avec laquelle elle se récupère. Jechante l’amitié, la perte de temps et ce que j’appelle culture.

Dans une ode facétieuse et politique, NOCES lie d'un continuum le corps et la voix, à partir de la figure de la liane de Vitis Vignifera.

Distribution


Chorégraphe performeuse  : Pauline Weidmann
Invité.es :Éloïse Decazes, Caroline Barny, Benoit Briand, Anna Delboy, Vincent Copier, Alice Gautier, Maxime Canneli. William Lambeau, Lisanne Goodhue.
Création sonore : Pauline Weidmann.
Création vidéo : Julie Borvon
Création lumière : Christophe Cardoën
Iconographie et Graphisme : Baptiste Alchourroun
Regard extérieur : Bryan Campbell

Temps & lieux


Production Maison l’Enracinée
Coproduction : Neuf Neuf Toulouse, Chorège Falaise, Le DOC Caen, Angonia, DRAC Occitanie, DRAC Ile de France.
Accueils en résidence de territoire : espace Culturel Angonia, Animakt, TRAVERSE.
Accueils en résidence studio : Place de la danse CDCN Toulouse, Honolulu Nantes, Théâtre de poche Hédé Bazouges, Le Ring Toulouse
Partenaires sollicités : Ville de Nantes, CCN Nantes, Laboratoires d’Aubervilliers, Opéra Limoges scène conventionnée danse.

Du 10 février au 5 avril 2025 sur le territoire d’Angonia – espace culturel. Plateforme Neuf Neuf Toulouse, Angonia Martres Tolosane,
Du 26 mai au 20 juin. Résidence d’écriture, Itinérance sur le territoire de Haute Bagnères. Association TRAVERSE Bagnères de Bigorre.
Du 21 au 31 octobre 2025, expérimentation musicale et interaction dans l’espace public. Animakt Saulx-les-Chartreux.
Du 12 au 17 janvier 2026 : recherche studio Honolulu Nantes
Du 19 au 30 janvier 2026 : recherche studio Place de la Danse CDCN Toulouse
Mars-avril-mai 2026 : recherche studio et expérimentation publique Le Ring Toulouse – Théâtre de poche Hédé-Bazouges, à confirmer
Du 20 au 30 mai 2026, écriture au plateau et composition musicale. Chorège Falaise / Le DOC Caen 
le 30 mai 2026 - Avant première au DOC. Le doigt dans l’oreil d’un chauve - CAEN.
Octobre 2026 – Recherche scénographie et création lumière, expérimentation publique – Hédé Bazouges Théâtre de Poche. À confirmer
Novembre 2026 – Première au festival Neuf Neuf Toulouse.

Intention


NOCES parceque nous nous accordons, les un.es aux autres, par des bouts du corps, parce que quelque chose du chaos se repousse autour de nos rapports. Nous cultivons ce qui résiste, autour d’abris faits denos liens, tous politiques ; ilss’observent à plusieurs rétines, brassent le monde en paires de bras et jouissent d’une amertume gourmande.

Dans ces petites explosions de monde qui défont toujours un peu mieux ce qu’ielles étaient, les histoires tendres déjouent le destin d’une humanité monstrueuse et apprennent par leur multiple, ce que devient le savoir de l’Autre. Entre les lignes de fuite, les récits se tordent aux modèles, bons fruits mûrs du capitalisme, nous continuons de ci de là à nous jauger comme des objets qui tiennent plus ou moins bien en main. Nous regardons avec nos yeux, ce que l’Autre nous apporte, nous fuyons parfois les questions qui transforment.

NOCES pour me rappeler précisément de ces états grégaires, magnifiques et fondamentaux qui s’appellent amour et qui nous font tomber, souvent et nous renaître autre. Je voudrais écrire et jouer de ces reconnaissances, du travestissement du soi pour être à l’autre dans une étude chapitrée, drôlatique et maladroite de nos engagements mutuels.

NOCES pour la schyzé* de nos machines désirantes, pour l’Otium* nécessaire aux choix, l’inconséquence du rebut, le bout de la nuit, pour décorréler le désir du produit et le début de la fin, pour que du temps et des invitations se meuvent par la recherche, il y aura beaucoup de belles pertes pour goûter à ce que veux dire aimer. NOCES naît dans un temps entièrement façonné par le capitalisme, il serait présomptueux de prétendre y résister, cependant la forme documentaire et expérimentale portera en elle la transparence du processus, par un questionnement approfondi de la notion de gratuité, et la mise à jour du coût et du temps qu’il comptera en lui.

J’écris en binôme sur l’ensemble de la création en invitant des proches affectifs, esthétiques, politiques, pour que les partitions s’éprouvent et s’enrichissent. Musicien.nes danseur.euses, performeur.euses ou ami.es électricien.nes, oisives, agriculteurices se prêtent aux pratiques corpovocales tout le long du processus. Ces amitiés participent de l’écriture chorégraphique et dramaturgique de la pièce.

*On a dit que la schizé se manifeste par la présence massive d’injonctions contradictoires que le sujet est incapable de réguler à partir des préceptes qui lui ont été transmis.

*L’Otiumest un terme latin remontant au milieu du II e siècle av. J.-C. qui recouvre différentes formes et significations dans le champ du temps libre.

Danse


Le corps ligneux trame mon imaginaire, celui des lianes et des vrilles. Une vrille est un organe spécialisé permettant aux plantes rampantes ou grimpantes de s'accrocher à des supports divers dans un mouvement qui fut le premier à porter le nom deMariage. Les vrilles, généralement de section circulaire, sont capables de s'enrouler en spirale serrée. Le caractère grimpant et noueux de la vigne que je cultive à Argenton-les-Vallées trame les liens que j’explore entre voix et corps. Dans un continuum solidaire, spontané et juteux, je prends la forme dont les expériences à deux m’ont empreint le corps. Étranges, les présences absentes et les passages des autres sur scène jouent avec ce que la danse et la voix transmettent au présent.

Je regarde la chronologie des danses de bal comme une histoire du socius*. « Au début il y avait principalement des cercles et puis peu à peu les lignes se sont dessinées, les longues lignes sont devenues des lignes courtes et puis des cortèges menés en avançant deux par deux. C’est ensuite que sont arrivées les danses de couples qui semblent devenues les plus pratiquées en bal. Aujourd’hui la danse libre et inspirée prend de plus en plus de place sur les planchers, des corps solitaires et détachés des chorégraphies. » (Nicole Picard, professeure de danses à Pamiers - 09)

Cette défragmentation m’enthousiasme beaucoup, dans ce qu’elle ouvre d’invention, de nouveaux modes d’interaction et de rapport au sensible. L’animal féral que nous devenons au bout du cycle de fertilité du monde humain se défait de ses domestications et trouve de nouvelles langues, des espaces de jeu et l’abandon du devoir. Vitacées* ensauvagées, nous courons sous le sol, vivaces, voraces et engagées pour nous lier.

Recit


La parole, matière poétique et formelle est traitée pour retranscrire les histoires de solidarité affective autant que du récit de plaisir et des données sociologiques, les pourtours de ces états d’ouverture et de construction. L’état de jeu et la trame dramaturgique se veulent hybrides et appuyés sur une parole musicale, l’enveloppe organique du son et la partition de la parole font psaume au rituel. La première année de recherche se rend auprès de trois territoires encore riches de répertoires traditionnels et d’expériences communautaires, politiques et intimes. Je travaille à la collecte des manières et des histoires pour que le nombre des points de vue constitue la somme incohérente et humide de cette trame. La recherche au plateau et par les pratiques partagées à deux mute les histoires et joue de la musicalité de la parole, du geste dans la voix et de la voix dans le geste pour faire des récits une matière de jeu. L’anatomie de la vigne est évoquée parmi les chemins dramaturgiques ligneux et complexes.

Musique


Les voix des chœurs parlant rencontrés sur les différents territoires, sont restitués par un travail de création sonore, lié à l’orgue et traité par le prisme du son tenu et réverbéré des processions religieuses. Le travail en collaboration avec les musicien.nes chapitre l’écriture par des ambiances successives, une note continue s’hybride et se ponctue tout le long de la pièce – sorte de ligne liante, continuum soutien fait de notes d’orgues principalement.

*Le socius préexiste à l'individu. Il rend compte de ses liens d'appartenance et constitue sa culture familiale. Pétri par les fils du culturel, du politique, du familial et du social.

*Les Vitacées sont une famille de plantes comprenant 700 espèces réparties en 17 genres. Ce sont principalement des lianes, parfois des plantes herbacées ou succulentes, elles sont la souche primitive de la vigne.

Extension - Nuit de Noce.


Cette forme solo est pensée pour le plateau pour une diffusion invitante, le spectacle se propose en ouverture de soirée. Nous construisons sa diffusion avec l’éventualité de développer des nuits de fête en association avec les structures locales autour des institutions que nous habiterons.

NOCES fête des alliances nouvelles dans l’espace social. Pour cette proposition, Pauline Weidmann invite des artistes du champ chorégraphique, de la musique, de la performance, à partager leurs univers et à redonner une dimension magique et politique aux unions affectives.Comme un corps collectif chargé de veiller les fictions et de nourrir les récits dissidents, NOCES spécule des nuits d’extase et des engagements qui poussent dans le trouble flux du monde.

Nous travaillons le terreau de l’amitié au dehors et à la fabrique hétérogène du politique : « l’amitié c’est l’aspiration au dehors, a une vie qui n’a pas de centre donc la démultiplication des liens, la transitivité des liens, la complexification des identités, un ami c’est quelqu’un qui nous présente d’autres amis, on est toujours l’ami des amis de son amis et donc l’amitié est une forme ouverte, c’est une forme généreuse, c’est une forme d’accueil et qui est susceptible de produire des dispositions mentales beaucoup plus libertaires que la famille et je dirais que le politique devrait se donner pour projet de développer le plus d’amitiés possibles » (Geoffroy de Lasganerie)

Ceci par l’association des acteurs de la culture dans les territoires traversés. Nous espérons diffuser cette pièce en travaillant en collaboration avec nos partenaires afin qu’un banquet soit organisé et qu’un bal (diachronique) termine la soirée. L’enjeu est de mêler nos passages à l’amorce de coopérations locales, mêlant les réseaux alternatifs à ceux de l’institution, hybridant les fonctionnements et les limites de chaque parties.