VÂCarm

de Parole Les bras.

improvisation avec la parole, le lieu et des bandes sonores
solo Pauline Weidmann 
création 2024



photo d’Anna Gaïotti.

“Le premier mouvement de Parole (Vac en sanskrit) avait été de laisser l'humanité plongée dans le silence. L’espèce humaine était originairement vouée à attendre le verbe. (...) Le premier mouvement de la déesse Parole avait été de s'unir à la danse-musique de la Forêt tant la Grande Vache Parole aimait jouer entre les arbres et errer dans l'infinie beauté, hauteur, grandeur, verdeur, luxuriance, des branches qui ne cessent de se hausser vers le ciel”. (Pascal Quignard- L'Origine de la Danse). 

 « (…) », «  Hummm », «  Ouh la la » citations et certitudes.

Avec ce qui se dit et ce qui se disait, entre les à propos de ce qu'on a entendu, de voitures, d’aveux ou de bouffe. De l'archive à la voix qui dit, puisque parler parle ou ne parle pas pour en dire autant, que parler arrête et pose des contours à la pensée sensible, que parler répète une mélodie connue, que parler redit et décrit et s’adresse pour dessiner une place et faire exister tout, que parler abrite et que parler est beau.
Je - parle
Je - joue

https://detectives-sauvages.com/Pauline-Weidmann-Vacarm-de-parole-les-bras-CRITIQUE


Chants - paroles sonores - improvisations - danses de Vâc et autres grimaces..


extraits :

On aime
comme des trous
perchés sur le manque
ça nous rend gros
alors qu’on est beau.
Avec nos sussions magnifiques
nos trous voraces
nous insatiables, cultivons le manque avec des phrases pour lier du réel.




Langue ne peut pas.
Cela ne tient pas.




Si je considère la part effectivement innommable, le trou dans lequel nous ne pourrions pas nous rendre à moins d'être immortel et parfait, je peux croire uniquement à l'improvisation, cette chute sans argument, qui dans un cadre nommable laisse lieu à ce que les mots ne diront pas. Le remue-ménage d’une partie de sexe, le feu, le ciel par exemple. Je crois que je construis dans la résistance aux techniques quelque chose qui ne formule que cette part déjà explorée du non-lieu, de la détériorialisation de ces manques comme si le plein ne comportait plus de ferment pour l'existence. Il s’agit du soulèvement machinal et involontaire du fil électrique clôturant les propriétés, de trouver à l'intérieur de ces creux plein, un chemin d'exilée fait de choses éparses et déjà dites qui suffiraient sûrement à tenir bon. L'important dans tout cela est de désapproprier les concepts, les corps, les individus, de dégonfler l'admiration qui n'est composé que du refus du manque et d'en utiliser la part vide comme d'un terrain du présent avec dessus ce qui est accessible et inerte. Raviver les objets habitant l'espace du manque comme d'autres potentiels de désir d'autres culs seins sexe nichés dans l'espace inerte de l'ennui. Alors l'espace devient saturé de potentiels.

À cet endroit, le fantasme à propos des autres agissant me remet dans l'incapacité à saisir, les mots ont été déjà dit, les réagencer formulerait du surplus au plein gavés du 21e siècle. Si des langues pouvaient naître et s’entendre parmi les fronts de ce côtoiement serré et belliqueux, elles auraient lieu de se dire mais ma nation vérolée m'a laissé à distance de ces endroits de naissance et le vide qu’elle produit ne me permet que de faire dysfonctionner la langue sur laquelle je tiens. Je dois provoquer une distance avec des mots reconnus pour en faire des matières en mouvement et séparés, de l'affect léger, des notes et du jeu dans la pesanteur de l'histoire de ma bouche. C'est peut-être modestement lire la musique de ces mots fanés. Maudire les mots dits, creuser les entendus de sous-couche, aller voir sous l'eau, respecter ce sur quoi j'ai compris quelque chose du vivant, laisser le vide et ne pas exister dedans.

Si je considère le manque comme donnant lieu à cette merveille du silence alors effectivement. Du silence il y a tout à faire. L'institution des formes n'a pas lieu d'intérêt, les langues que je ne parle pas sont des lieux ou je saurais conjuguer le verbe être, le mode avion deviendra une piste réelle et la petite fenêtre une grosse situation.

La parole pourrait donc devenir au contraire d'une perforation, quelque chose qui ne fait corps qu’avec des choses concrètes en présence. Avec le soutien de cette mémoire diffractée et incohérente et des lieux où elle resurgit.

Il est probable qu’elle soit plus lente
à la mesure du changement.

Freed from desire Mind and senses purified Freed from desire Mind and senses purified Freed from desire Mind and senses purified